lundi 3 novembre 2014

Afrique du Sud: du Tankwa Karoo à Cape Town


Il fait encore et toujours beau ce matin. Et chaud.
Après un petit-déjeuner de compétition, on ne traîne pas trop: on a pas mal de route et des choses à voir.
On quitte le Gannaga Lodge avec regret, c'est un endroit qu'on n'oubliera pas. Un peu mal à la tête quand même, rapport à la soirée d'hier.
On franchit comme de rien les endroits inondés d'hier, et on descend le col. La lumière est différente, on refait donc quelques photos. 
En bas nous attends donc le parc du Tankwa Karoo. 
Comme dans le Namaqualand, il devrait être à cette période couvert de fleurs mais là, c'est l'absence de pluie qui est à l'origine de leur retard (si toutefois elles finissent par sortir, ce qui n'est pas gagné). Marrant, quand même: la même année, on peut avoir un floraison exceptionnelle dans certaines régions du pays et à 300 km de là, rien.
La route est mauvaise, beaucoup de cailloux, ça secoue sévèrement. 
Il y a énormément de crevaisons dans ce parc, car les cailloux sont très tranchants et les gens ont tendance à rouler trop vite. Hier soir, un des types qui logeait au lodge avait crevé deux roues. Il nous a dit qu'une fois, il en avait crevé 3 sur le même trajet.
Quand on arrive dans la plaine du Tankwa, la température grimpe très vite. Il n'est pas midi, nous sommes en hiver et il fait déjà pas loin de 30°C.
C'est un parc qui n'est pas populaire. ll est assez récent et peu visité. Il est aride, il y fait une chaleur intenable en été (plus de 40°C et jusqu'à 52°C l'été dernier). La faune est discrète, il n'y a pas de grands animaux mais des antilopes de diverses espèces, des rongeurs, des reptiles. Il faut aimer ces paysages désertiques. Je le voyais plus petit, faut dire qu'on ne roule pas vite.
Ca et là, d'anciennes fermes en ruines. Elles datent. La vie y était trop dure, les revenus insuffisants, beaucoup de fermiers ont jeté l'éponge et vendu leurs terres au parc.
 Un court arrêt au centre d'informations du parc, qui ressemble à une petite oasis au milieu de cette poussière et de ces cailloux.
On s'arrête de temps en temps mais il n'y a pas de chemins de randonnée ici. 
Géraldine tient à s'approcher d'une ancienne ferme en ruines. Je lui renouvelle pour la centième fois mes conseils de prudence. Elle s'énerve encore en disant que je lui fous les jetons alors qu'elle fait attention.
En marchant, elle tombe nez à nez avec ce qui ressemble fortement à une "Puff Adder", qui a squatté le terrier d'un rongeur quelconque.
Cette vipère au corps massif est tout simplement le serpent qui fait le plus de morts en Afrique. On la trouve presque sur tout le continent. Sa morsure fait pourrir les chairs, c'est un vrai délice.
J'ai horreur de ces bestioles, c'est donc Géraldine qui la prend en photo.

Le paysage n'est pas toujours exactement le même, parfois du sable, parfois de la pierre presque noire, souvent des cailloux.
On franchit après 3 heures de conduite tranquille la sortie du parc. Désormais, on doit rejoindre Cape Town par Ceres.
La piste rejoint après une vingtaine de kilomètres la R355. Et là, déception. J'étais persuadé qu'elle était goudronnée mais ce n'est pas le cas.
C'est même la plus longue piste ininterrompue par un village du pays, justement entre Calvinia et Ceres. 250 km de walou intégral.
Mais ce n'est pas pour autant totalement vide. De loin en loin, on croise une charrette tirée par un âne, et on se demande où habitent ces gens.
On trouve même un endroit extraordinaire: le Tankwa Padstal. Un padstal, c'est un de ces magasins de milieu de nulle part qu'on trouve au bord de la route. Un peu l'héritier des relais à chevaux.
Celui-ci est vraiment bien situé, si l'on admet que pour être bien situé, il faut éviter la concurrence. 
Deux clients à l'intérieur, bien calés au bar. Et nous. Ambiance de saloon. Le proprio ressemble assez au Dude dans Big Lebowski.
Evidemment, on pensait rester quelques minutes et on traînasse, on discute, on boit un coup. Dehors, il y a un émeu, ces petites autruches australiennes qui pondent des oeufs bleus.
Géraldine va lui donner des clémentines, qu'il gobe d'un seul coup, il est con lui.
Johann, le patron du lodge où nous avions dormi, nous avait dit qu'il fallait absolument qu'on s'arrête au Padstal, le "meilleur endroit du Tankwa". Le seul aussi.
On en parle au proprio, qui nous dit "Ah, Johann...Bavard et une bonne descente". On ne peut qu'approuver. Johann nous avait également dit qu'il saurait où trouver une de ces têtes d'antilope que Géraldine rêve d'acheter. Effectivement, il nous donne deux adresses, une à Ceres, une à Cape Town. Il demande quelle taille on cherche. La taille qui rentre dans la valise, hein. Oui parce qu'il y en a d'immenses avec des cornes démesurées, pas la bonne idée, ça.
Du coup, il réfléchit et nous dit d'attendre une minute. Il revient avec une chouette tête aux cornes torsadées, super bien conservée. Ca irait, ça? Tu parles! Ok, ben prenez-la, c'est cadeau.
J'aimerais savoir décrire la tête de Géraldine à cette annonce. J'ai cru qu'elle allait faire un malaise, après avoir fait des sauts partout. Le mec était limite un peu gêné. Bah, c'est rien, j'en ramasserais une dans le coin un de ces quatre, rien d'extraordinaire.
Photo obligatoire. Meilleure pause du séjour.
On a appris une triste nouvelle quelques semaines après: le Padstal a brûlé, victime d'un incendie criminel. Tout ce qu'on y a vu est parti en fumée, à part la façade. Mais ils vont le reconstruire, grâce à l'aide de la petite communauté de ce coin perdu, qui s'est mobilisée sur facebook. 
On finit par décoller, parce que la route est encore longue. Une ligne droite poussiéreuse qui n'en finit pas. Sur notre gauche, les montagnes du Cederberg. On n'en peut plus de la piste. Depuis qu'on a quitté la route hier à Calvinia, pas un kilomètre de goudron. On est pleurerait de joie de retrouver le macadam, juste avant Ceres.
Le paysage est très différent. Des cultures, un peu de vert, des montagnes. Ca sent les oignons, il y a plein d'ouvriers dans les champs. Spécialité de Ceres: les cerises.
La ville est animée. On s'arrête faire le plein, enfin. Notre voiture est un gros tas de poussière. Le pompiste nous propose de vérifier la pression des pneus, on ne refuse pas.
Il nous reste encore 170 km jusqu'au Cap. On est fatigué mais ça passe assez vite car le paysage est somptueux: on enchaîne la traversée des montagnes du Matroosberg avec la vallée qui mène à Worcester, constellée de domaines viticoles adossées à la montagne.
Ensuite, on traverse les Haweqwas Moutains pour arriver sur Paarl. Sur la gauche, les villages viticoles les plus connus du pays: Stellenbosch, Franschhoek. 
L'arrivée sur Cape Town est à couper le souffle, juste au moment du coucher de soleil, d'un rose agressif, vue sur l'océan.
Il nous faut ensuite trouver notre route jusqu'à Table View, petite ville résidentielle sur la côte nord, à une quinzaine de kilomètres de Cape Town. On y arrive sans trop de mal.
Nous sommes accueillis par le propriétaire allemand des lieux, très sympa mais au look assez comique: visière sur la tête (ces trucs avec les cheveux apparents, quoi), comme une vieille américaine, blond, tenue de sport. Il se trouve qu'il revient effectivement du tennis.
Il parle anglais avec un accent allemand relativement prononcé, ça fait pourtant plus de 12 ans qu'il est installé là avec sa femme sud-africaine.
La maison est étonnante, un genre de phare à deux étages. Il loge en haut avec sa famille, le bas est partie commune pour les clients. Nous, on a droit à une cabine au confort sommaire, tout en bois, avec vue sur le Rietvlei, un marais protégé situé juste derrière la maison, et derrière les lumières de Cape Town et la Table Mountain. On est tout content.
Un peu moins en constatant le nombre d'insectes volants autour de la loupiote au-dessus de notre porte. Des dizaines de machins non identifiés qui ressemblent à des moustiques mais qui ne piquent pas. 
On est rincé mais à court de nourriture, le début de soirée est donc consacré aux achats dans un supermarché tout près: des bières, indispensables, et de quoi se faire du braai parce qu'on a bien repéré qu'il y en avait un à disposition. 
Il fait encore chaud, la journée a été carrément estivale, 30°C. Bière et barbecue, on n'est pas mal.

Cliquez sur la 1ère photo pour les voir en meilleure qualité 























































2 commentaires:

  1. Super le crâne !!!!
    Les paysages sont pas mal non plus ;)
    Anaïs

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  2. y'a quand même un mec qui est venu faire un graff au milieu de nul part! respect...
    Crâne de compét, j'imagine qu'il doit trôner au milieu du salon ;)

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