lundi 27 octobre 2014

Afrique du Sud: le Namaqualand

On s'est couché sous un ciel plombé mais ce matin, il n'y a plus un nuage. L'air est frais, bien plus frais que ce qu'on a connu jusque là, mais le soleil nous réchauffe et nous remet le moral à bloc.
On n'a pas eu froid du tout cette nuit, on a pas mal dormi, même.
Avant de partir, on passe voir les fermiers, ils nous donnent deux trois conseils bienvenus et nous rassurent sur la faisabilité de notre programme dans la journée. On en profite pour leur laisser notre ordinateur portable en pension, histoire de le recharger.

Le paysage est totalement différent sous le soleil. Ca nous plait énormément. C'est sec, montagneux, caillouteux, et déjà un peu fleuri.

C'est notre programme du jour et des jours suivants également: des fleurs, encore des fleurs, toujours des fleurs.
Ca peut paraître un peu chiant mais vous allez jeter un oeil et vous nous direz ce que vous en pensez. Nous, on a été bluffé, soufflé parce ce qu'on a vu. Et encore, comme la saison s'étale sur plusieurs semaines, toutes ne fleurissent pas au même moment donc d'autres prennent le relais. Il aurait fallu pouvoir rester longtemps pour avoir la chance de tout voir.
Mais reconnaissons notre chance: c'est unique, c'est à voir au moins une fois, il faut du beau temps, un hiver qui a rempli les conditions de précipitations pour qu'il y en ait...et il faut être là à la bonne période (qui est variable d'une année à l'autre).
Selon certains, c'est une excellente année. 
C'est un climat particulier, puisqu'aux pluies hivernales (pas si nombreuses que ça, on n'est pas au Cap) succède une sécheresse intense et une chaleur de plomb pendant les 2 tiers de l'année. 

Bref, notre première destination du jour, c'est le Namaqua National Park. Il faut redescendre jusque Kamieskroon et prendre une piste d'une vingtaine de kilomètres pour l'atteindre. La route est relativement fréquentée, c'est un pèlerinage pour beaucoup de fous de botanique.
On s'énerve un peu de voir des gens rouler au pas, avec de gros 4 x 4. On double et tout, on est des dingues.

En arrivant à la porte d'accès au parc, déjà, le spectacle est étonnant: des tapis oranges, des champs entiers, à perte de vue. 
Le parc est très grand et difficile d'accès: une très petite partie est accessible en voiture de tourisme, le reste nécessite un 4x4. Ca, ça va nous frustrer un peu.
On est à environ 1000m d'altitude mais le parc descend jusqu'à l'océan, là-bas, au fond.
La partie "grand public", à laquelle on doit se limiter, c'est Skilpad.

On réduit un peu le Namaqua aux fleurs, mais c'est aussi la plus grande concentration au monde de plantes succulentes, ces végétaux adaptés aux climats arides et dont les cactii (ouais, les cactus, quoi) font partie.

Skilpad, c'est assez petit et à cette période de l'année, bien fréquenté. On croisera même un petit car de touristes japonais. Les Japonais et les fleurs, c'est toute une histoire. Il font des "oooooooh", ils sont tout contents. 

Il y a quelques chemins qui permettent de marcher au milieu de ces fleurs, c'est complètement irréel. Le orange prédomine, mais il y a du rouge, du blanc, du jaune, du pourpre, du violet, du bleu, c'est fou.

On mitraille sec, on fait tout ce qu'on a le droit de faire avec notre Toyota, on crapahute aussi, on tente même de voir à quoi ressemble la route réservée aux 4 x 4 qui semble plonger vers la mer mais c'est très escarpé et inaccessible pour nous.

On mange un morceau sur place, on n'a pas trop envie de partir, c'est totalement magique.
La fenêtre de tir pour profiter des fleurs est toutefois assez réduite car elles s'ouvrent véritablement entre 11h et 15h. Avant et après, elles se referment. Elles ne disparaissent pas, évidemment, mais c'est moins spectaculaire.

Il ne faut donc pas traîner, d'autant moins que l'autre site est à tout de même 100 km. Les distances sont quand même ahurissantes. 
Ce qu'il faut néanmoins souligner que la limitation de vitesse sur les routes principales, c'est 120 km/h. Ca fait drôle au début mais dans cette région, il y a tellement rien qu'on a vite l'impression de se traîner et on se retrouve à 130 ou 140 sur une nationale qui a une gueule de départementale (2 x 1 voie). Je ne suis pas surpris qu'elles soient réputées dangereuses.

Direction plein nord, il faut passer Springbok, la "grande" ville avant la Namibie (11 000 habitants) et prendre vers l'est, pendant une quinzaine de kilomètres pour atteindre Goegap Nature Reserve.

Il y a beaucoup moins de monde qu'au Namaqua N.P. Le site est très beau aussi. Des vallées couvertes de fleurs, entourées de montagnes. Plus d'animaux: des springboks, des oryx (gemsbok) aux cornes démesurées...Et une variété de couleurs.
Il y a encore une piste qui fait une boucle dans ce parc, qui traverse la montagne, arrive derrière dans une plaine désertique et retraverse la montagne. Le soleil d'hiver, rasant, donne des couleurs intenses à ces rochers. Quelques "quiver trees", ces arbres du désert, accrochés aux flancs de montagne. Presque au bout de la piste, un squelette de springbok nettoyé par les charognards et le soleil. Géraldine devient possédée "Arrrêêêête!!!". Malheureusement; le crâne a déjà été pris. Image bizarre de ce squelette sans tête.
Une fois ce tour terminé, vers le centre d'information, il y a également une espèce d'exposition botanique de plantes succulentes et de cactus. C'est chouette et ça nous prend pas mal de temps. On tombe sur des petits rongeurs rigolos dont on ne connaît pas le nom.
On n'a pas perdu notre temps, c'est moins connu que notre étape matinale mais beaucoup plus tranquille et à peine moins beau. Juste avant la sortie, un springbok nous gratifie de sa danse de la joie, ces sauts verticaux spectaculaires qui lui ont valu son nom. Ca se passe trop rapidement pour qu'on puisse fixer ça sur l'appareil photo mais je suis content de l'avoir vu. Ces animaux sont relativement courants dans le sud-ouest de l'Afrique, en Namibie, au Bostwana et en Afrique du Sud, ce qui tend à banaliser cette antilope extraordinaire, capable d'enrhumer le guépard à la course (vitesse de pointe 115 km/h, easy) et de ridiculiser nos sauteurs en hauteur (jusqu'à 4m) et en longueur (jusqu'à 15m).

Au retour, on pense faire un stop à Springbok (la ville), ne serait-ce que pour photographier une des synagogues les plus incongrues du monde, dans ce coin perdu et désertique. Beaucoup de Juifs de Lituanie sont arrivés en Afrique du Sud entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Ils ont parfois repris leur métier d'Europe: commerçants ambulants.
Dans ces régions désolées et très peu densément peuplées, ils assuraient le ravitaillement, notamment en outillage, mercerie...D'autres ont également installé des commerces dans les villages.
Springbok faisait office de lieu de rassemblement pour ces Juifs éparpillés sur un territoire immense. La synagogue est désormais fermée et transformée en musée, les générations récentes ayant fait des études et migré vers les grandes villes.
Pour une des populations les plus urbanisées au monde, ça fait toujours un drôle d'effet de se dire "mais qu'est-ce qu'ils sont venus foutre dans ce trou perdu?".
Je vous raconte ça et on ne l'a même pas trouvée, cette synagogue. Faut dire qu'on était un peu à la bourre. Et que la ville était déprimante. Quelques supermarchés, des gens aux têtes qui suintaient la misère et l'ennui, on n'en gardera pas un souvenir impérissable.

Au nord, la prochaine ville digne de ce nom, c'est Keetmanshoop, en Namibie. A 420 km. 
A l'est, la ville, c'est Upington, 70000 habitants, mais à 380 km. 
Ah oui, entre les deux, il y a Pofadder. 160 km de route et 3000 habitants. 
Pour donner une idée de l'isolement de ces patelins, en Afrique du Sud, "Pofadder" est devenu un nom commun, le mot consacré pour dire "un trou perdu loin de tout".

Retour à notre fermette, juste avant la nuit, coucher de soleil au poil. Les moutons qui bêlent, cet air qu'on pourrait toucher du doigt.
Nouvelle session de photo nocturne. Je ne m'en lasse pas.
Seul souci, une fois le soleil disparu, le vent qui a soufflé toute la journée s'est encore renforcé. Il hurlera toute la nuit, on se demandera même si la toiture va résister, il fait tout trembler. Ca et les bêlements continuels (ils dorment jamais, ces cons de moutons?), la nuit ne sera pas forcément la meilleure du séjour.

Cliquez sur la 1ère photo pour les voir en meilleure qualité  































































































4 commentaires:

  1. Une Afrique du Sud un peu inattendue (pas de fauves...), mais des paysages superbes, et un commentaire extrêmement intéressant. Un grand merci !
    Ben

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  2. Merci beaucoup Ben, ça fait plaisir. On passe pas mal de temps sur le récit de voyage, c'est cool de savoir que certains le lisent avec attention :)

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  3. Oui oui je lis en profondeur votre site merci de l'avoir fait Carole

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    1. Merci à toi et de ton retour Carole. Maintenant tous nos voyages seront sur ce blog dédié: http://weowntheroad.blogspot.fr/
      Sinon c'est trop le fouillis. Bonne semaine et merci pour ton message
      Géraldine

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