vendredi 24 octobre 2014

Afrique du Sud: du Cederberg au Namaqualand

Le temps ce matin est presque aussi dégueulasse que la veille, en plus froid, mais on a confiance. Et puis ce n'est pas très grave, on a de la route.
On quitte Jamaka et le Cederberg pour une des raisons de notre voyage: le Namaqualand.
Cette région située juste au sud de la frontière avec la Namibie attire les botanistes et amoureux des fleurs du monde entier (en petit nombre quand même) entre mi-août et fin septembre pour l'éclosion annuelle de fleurs sauvages, un phénomène assez unique au monde.
Le souci, c'est qu'il faut espérer que le temps se mette au beau demain car pas de soleil, pas de fleurs. Enfin, elles sont là mais ne s'ouvrent pas et donc c'est beaucoup moins spectaculaire.
En attendant, on se dit, puisque de toute façon le temps ne sera pas magnifique, qu'on va prendre notre temps pour y aller. Pas de raison de se presser. 
Après palabres, achats de produits de la ferme et adieux à Dixie, on part pour Clanwilliam, afin de visiter l'usine de rooibos.
Ne nous le cachons pas, c'est une franche déception. On s'attendait à pouvoir visiter le site. Comme d'habitude à l'entrée, panneaux "interdit d'entrer avec des armes à feu", on remplit un registre pour dire pourquoi on vient etc...Et donc on se rend compte qu'il s'agit uniquement d'un magasin d'usine, agrémenté d'une petite expo sur le rooibos et d'un film passé à heure fixe (3 fois dans la journée ou un truc dans le genre) sur la culture de la plante.
Quelle arnaque. En self service, on peut goûter gratuitement tout un tas de variétés mais honnêtement, c'est pas terrible, il est fade par rapport à celui de Jamaka (on en a rapporté...2kg...). Géraldine trouve bien une crème ou deux, des trucs de fille, mais moi je fais un peu la gueule, surtout depuis que j'ai vu la vapeur qui sent bon qui sort de l'usine. J'aurais vraiment aimé voir comment ils transformaient ce buisson en boisson.
Pas très grave. La pluie s'est arrêté, on a même quelques rayons de soleil. Comme il est déjà assez tard, on s'arrête au resto qu'on n'a pas fait la veille. Il est bien mieux. 
Seul détail bizarre, pendant que nous sommes assis en salle, deux ou trois personnes sont au bar à boire leur café (ou renifler comme des porcs, vraiment écoeurant) et scotchent totalement sur la télé, qui passe une chaîne câblée diffusant un film de monstre absolument pathétique.
La bouffe est bonne, du boeuf épicé, du bon riz et des légumes sautés, ça fait plaisir, on en avait un peu marre de notre tambouille. 
En fait on aura traîné un peu trop car on avait zappé ces fameux stop/go sur la N7.
Heureusement, après quelques dizaines de kilomètres, l'insupportable accordéon cesse et on peut enfin tailler la route. Dans un premier temps, elle n'a pas grand intérêt. Il pleut encore par intermittence, on est sur un genre de plateau. On sent bien que ça doit être beaucoup mieux quand il fait beau (on le verra au retour).
Passé Vanrhysndorp, ça devient plus spectaculaire.
Je m'attendais à une région qui ressemble un peu à un plateau, avec quelques buttes. 
C'est en fait montagneux. Le temps très couvert instaure une atmosphère très spéciale. Il n'y a plus rien, des maisons jetées par ci, par là, trois constructions font un village. Et sinon, pas un arbre, du caillou, des montagnes aux formes inquiétantes.
On a bien traîné au repas, on a pris du retard à cause des travaux sur la route aussi. Du coup, on ne fait pas trop de pause, on veut arriver avant la nuit, surtout qu'il faut être sûr de trouver notre logement.
Le thermomètre de la voiture n'en finit plus de baisser. 13-12-11-10-9-8-7-6. STOP!
Il y a un vent impressionnant, les nuages courent dans le ciel. Il faut s'accrocher au volant. Paradoxalement, j'aime ces moments. 

"Welcome to Northern Cape". Ca y est, on a changé de province. Le Northern Cape, c'est la plus grande province sud-africaine, grande comme l'Allemagne réunifiée. Sur ce qui serait un des plus grands pays d'Europe, à peine plus d'1 million d'habitants, jetés comme une poignée de sel sur un océan caillouteux. 3 habitants au km².

De Bitterfontein à Garies, 65 km. Entre les deux: rien.
De Garies à Kamieskroon, 50 km. Entre les deux: rien.
De Kamieskroon à Springbok, 70 km. Entre les deux: rien.

Entre Garies et Kamieskroon, la route s'élève., tourne. Les montagnes du Kamiesberg se rapprochent. Kamieskroon "le centre du Namaqualand" fait 893 habitants et nous donne l'impression d'en avoir 200.

Nous logeons entre Kamieskroon et Springbok, à No Heep. Une ferme. Il faut quitter la N7 et prendre sur une petite dizaine de km une piste dans un assez bon état; qui passe entre les collines et longe le Kamiesberg.
On arrive entre chien et loup dans ce milieu de nulle part. Deux bâtiments à gauche: l'habitation des fermiers et ce qui ressemble à un corps de ferme. De l'autre côté du chemin, une maisonnette en pierre, la nôtre et à quelques dizaines de mètres, une un peu plus grande, qui accueille deux couples.

Les fermiers sont extrêmement gentils. Pas de culture ici. Rien ne pousse. Il s'agit d'éleveurs de moutons, les vrais rois du Northern Cape.
Notre maison n'a pas d'électricité. Pas de chauffage. Ca pèle sérieusement. Le ciel est encore très bas, plombé. On a du mal à croire qu'ils annoncent grand soleil demain.
On est dans une autre dimension. Eclairage à la bougie, à la lampe à huile. Evidemment, feu de bois. Mais il fait moins froid qu'à Jamaka à l'intérieur, la maison est plus petite, mieux isolée.
On peut recharger nos appareils électriques chez les fermiers. La maison est très bien décorée, plein de récup'. La vaisselle est parfois un peu carnaval mais ça a son charme.
On a une gazinière. On se fait une soupe, totalement ratée, j'ai attendu que l'eau bout pour mettre la poudre, ça a fait des grumeaux immondes.
Géraldine l'accueille d'un "ah, c'est une soupe aux.....". On en pleure de rire.
La soirée sera assez courte mais on prend le temps d'apprécier tout ça, cet isolement.

Avant de sombrer, on se mate quand même un épisode de GoT, histoire d'avoir l'impression d'être au XXIème siècle.

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