mardi 14 octobre 2014

Afrique du Sud : de Velddrif à Jamaka

Petit-déjeuner au soleil, en terrasse, il y a même du wifi, c'est pas le bonheur, ça?
On regrette un peu de ne rester qu'une nuit mais bon, c'est toujours un peu comme ça les vacances en itinérant, non? 
On revient en se disant "Ouais ben si c'était à refaire, j'ajouterais un jour là et j'en enlèverais un ici". Sauf qu'avant de partir, hein, comment le savoir? On fait au mieux d'après les récits des autres. C'est toute la différence et ce qui fait le prix de l'expérience personnelle.
On perd pas mal de temps en palabres juste avant de partir. Il faut dire que ce couple de proprios est particulièrement sympa. Ah, on n'a pas de crème solaire! Bougez pas, ils nous donnent crème solaire ET lotion après soleil. On discute on discute, mais on ne perd pas notre temps. Déjà on apprend des tas de trucs sur le pays, sur la manière dont les gens vivent, où ils travaillent etc...Et puis mine de rien, on repart encore avec une bonne adresse!
Quand on dit qu'on envisage d'aller à Lambert's Bay, ils nous donnent la route pour aller à un resto de plage assez connu, le Muisbosskerm.
On espère tout bas que ce sera un meilleur plan que celui de la veille, hein.

On avait trouvé jusque là la côte sauvage mais on n'avait pas encore vu grand chose. Depuis Velddrif, il y a une piste qui, passant par Elands Bay permet de rejoindre Lamberts Bay. Après Lamberts Bay, il n'y a pour ainsi dire plus grand chose. Entre Lamberts Bay et la frontière namibienne, il y a deux vrais patelins seulement: Port Nolloth et Alexander Bay. En un peu plus de 500 km à vol d'oiseau, ça fait pas bézèf. Pour le reste, quelques villages un peu particuliers, dont Kleinzee.
Deux explications à ce désert: déjà la côte est assez inhospitalière, pas d'agriculture possible, pas de baignade non plus. Elle est aussi dangereuse pour la navigation (une des rares attractions, c'est d'aller voir les épaves de bateaux échoués). Donc pas beaucoup d'habitants.
Et ensuite, une bonne partie en est tout simplement interdite d'accès au commun des mortels. On l'appelle la Diamond Coast. De Beers, le géant africain du diamant en a fait un état dans l'état. Kleinzee fait partie de ces quelques patelins désormais à moitié déserts, qui étaient autrefois le coeur de la zone du diamant. Depuis 2009, De Beers a pas mal dégraissé ses effectifs mais il y a toujours des mines: sur terre mais aussi en mer, avec des bateaux dragueurs de fond.

Bref, jusqu'à Lamberts Bay, pas grand monde mais ce n'est pas encore le total désert.
La piste est très bonne, on en profite mais on ne le sait pas encore.
Elle longe la côte, s'en éloigne un peu, la retrouve, des fleurs au bord de la route, des rouleaux impressionnants sur l'océan. Ca décoiffe pas mal. Parfois, comme un mirage, des dunes au milieu des terres. On était tellement sûr qu'on allait s'en rapprocher qu'on n'a même pas pris la peine de les photographier. Dommage.

Juste avant Lamberts Bay: le fameux resto. On ne peut pas le rater. Avant, il n'y a rien, et là, d'un coup, une grande bicoque, un parking sablonneux plein à craquer. On s'assure de pouvoir revenir manger une heure plus tard et on file vers "Bird Island".
Cette toute petite île reliée au continent par une passerelle de béton, en plein milieu de Lamberts Bay est une sacrée curiosité.
Il s'agit de la plus grande colonie au monde de Fous du Cap, des oiseaux dont la particularité est de pouvoir nager après avoir plongé pour attraper leur proie.
On en trouve du Gabon au Mozambique mais c'est ici qu'ils sont les plus nombreux: des milliers. Y a pas un centimètre carré de libre sur leur plage. Jusqu'à récemment, ils étaient tellement nombreux que leur guano servait de fertilisant.
C'est un ballet incessant, ils décollent, atterrissent. Dans le fond, sur les rochers, des dizaines d'otaries du Cap. On peut s'approcher relativement près, c'est impressionnant, jamais vu autant d'oiseau de ma vie.
Un peu plus loin dans la rade, deux dragueurs de diamant.
Le défi du jour: repasser la digue/passerelle sans se retrouver totalement trempé par une vague.
Celles-ci passent par dessus la passerelle et inondent régulièrement de pauvres touristes peu méfiants.
On reste longtemps à contempler ces gerbes d'eau qui jaillissent à chaque rouleau.
Une autre particularité de ce pays: les gars chargés de la surveillance des parkings. C'est souvent officiel, parfois officieux: des mecs à qui tu files la pièce parce qu'ils évitent (?) les cambriolages. Là, on a affaire à un type qui croyait qu'on allait payer deux fois: à l'entrée, à la barrière et auprès de lui. Bref, faut pas se laisser faire.

Direction le Muisbosskerm, donc. A l'entrée, celui que l'on pense être le boss, un grand gars baraqué et sympa, qui nous dit, "allez-y, installez-vous où vous voulez, servez-vous."
Le lieu est encore bien rempli, c'est très familial. Un peu partout, des marmites sur le feu dans lesquelles les gens piochent, de grands plats de poissons grillés. On mange sans couverts, avec une coquille de moule pour attraper les trucs dans son assiette.
Pour la boisson, on commande derrière un bar et on paie sur place. Pour la bouffe, c'est à la sortie qu'on règlera: moitié prix pour nous "parce que vous êtes arrivé tard". 
Autant dire que pour l'équivalent de 7€ chacun je crois me souvenir, on s'est goinfré. Le tout les pieds dans le sable. Comme disait Thierry Roland "Quel pied! Ah putain, quel pied!".
On prend notre temps, des photos, le soleil... Les vagues sont ahurissantes de puissance. La plage est assez courte et descend très raide. Malgré ça, l'eau remonte parfois jusqu'aux restaurants, je pense que les vagues atteignent les 3 m sans problème. Ca fait un peu de bruit, mais ça change des klaxons parisiens, hein.
On reprend ensuite la route en milieu d'après-midi, direction plein est. On s'enfonce désormais dans les terres, en direction des montagnes que l'on voit au loin: 4 nuits à venir dans le Cederberg.

Au bout de quelques kilomètres à peine, la température grimpe en flèche. Il faisait en gros 17°C le long de la côte, ce qui pour l'hiver est très respectable. Là, on est à 28°C et on le sent bien. On a le sourire vissé aux lèvres.
Arrivée à Clanwilliam, qui est un peu la capitale de la région, au pied des montagnes.
Le paysage a changé, évidemment. Les rochers sont très colorés, il y a beaucoup de cultures dans la vallée: beaucoup d'agrumes (oranges, citrons) et plein de rooibos, ce thé qui ne pousse que dans cette région et que l'on trouve jusqu'en France maintenant.

On ne traîne pas à Clanwilliam, qui nous fait une bonne impression qui sera confirmée par la suite. Le temps de faire un premier plein, on prend la direction du sud, on quitte la route asphaltée pour 25 km de piste qui longe d'abord le lac formé par le barrage puis serpente entre les montagnes.
On aura entendu dire lors de notre séjour dans le coin qu'il fallait "20 minutes" depuis Jamaka, la ferme où nous résidons, et Clanwilliam.
Ne les croyez pas. Même après l'avoir pratiquée plusieurs jours d'affilée, on n'a jamais mis moins du double. 
Pour les standards du coin, elle est "so-so". Pour les nôtres, elle est pourrie.
A chaque bâtiment croisé, on y croit "Ah, ça doit être là". 
Non, non. Roule.
Mais à l'arrivée, on est pas mécontent de notre choix. Jamaka est une ferme bio comme vous l'aurez compris assez paumée, où sont cultivées oranges, mangues, clémentines. Et rooibos (plutôt ramassé sur les pentes de la montagne, à l'ancienne).
A notre arrivée, des jeunes dans et autour d'une petite piscine, il fait encore chaud, le soleil baisse gentiment. C'est chouette. En plus, notre cottage est juste à côté et non, comme on le craignait un peu, en contrebas, près du camping.
Et pour ne rien gâcher, il y a un wifi qui se révélera bien utile par la suite.
On est ravi, ça a l'air cool, tellement cool que la porte d'entrée de notre maison ne ferme pas, ça fait bizarre de dormir la porte ouverte en "Afrique du Sud, pays dangereux".
Le couple qui tient la ferme nous accueille, on se sent tout de suite à l'aise, ils vendent un peu de leurs produits, on veut tout tester. Avant d'acheter, ils nous proposent de goûter, gratuitement... On repart donc avec pas mal d'échantillons.

La soirée est tranquille, on fait la connaissance de Dixie, une Anglaise qui passe quelques semaines à aider dans les travaux de la ferme contre le gîte et le couvert, c'est vraiment bonne ambiance relax (très 80's comme expression, non?).
Je sens bien le coup, après cette journée magnifique, et je me prépare une courte session de photos nocturnes. Vu le désert alentour et la distance des villes importantes, j'ai confiance dans un beau ciel bien étoilé et sans pollution.
Bingo.
Pour ça, je vais sur notre terrasse, abritée par une avancée du toit. J'entends alors un bruit d'ailes, je me baisse par réflexe, j'ai peur que ce soit une chauve-souris.
J'ai oublié de fermer la baie vitrée et la chose ailée, un oiseau en fait, entre dans notre maison. Il a du être affolé et ébloui par ma lampe de poche ultra puissante car il a l'air totalement bourré. Il se cogne aux murs, tombe, tente de se relever, revole, retombe en se cognant encore à tous les murs. Sous l'effet de la peur, il chie sur notre table de salon. Ce serait hilarant si ça nous faisait pas un peu de peine pour lui.
Géraldine fait des bonds et hurle des "putain" mais il faut reconnaître que c'est elle qui le prend et le remet dehors, pas moi. Je suis trop occupé à rigoler comme un con.

Cliquez sur la 1ère photo pour les voir en meilleure qualité  






Voilà, c'est la maison où l'on a dormi, la chambre est derrière la terrasse du premier étage












Birds Island



Des oiseaux et des otaries du Cap




Des dragueurs de diamants












Des vagues













Meilleur restaurant de plage






Changement de décor: les montagnes du Cederberg









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