vendredi 30 août 2013

Road-trip Afrique du Sud - jour 4: du Royal Natal National Park à St Lucia

Dans le post sur la journée d'hier, j'ai oublié de vous parler du seul dessert potable (je ne parle pas des fruits) qu'on ait mangé lors de notre séjour: le Jan Ellis (oui, le rugbyman) poeding.
Bon, voilà, c'est fait. Si vous voulez la recette, voir internet.

Etape de transition, comme on dit sur le tour de France.
On passe de la montagne à la côte de l'océan Indien, pas loin de 500km de route.

Une route qui nous rapporte encore son lot de visions surréalistes, comme ce gars allongé à l'arrière d'un pick up rempli de choux, comme ces chevaux dont les pattes avant sont attachés avec une petite corde pour leur éviter de se barrer.
Au bout d'une centaine de km de route relativement droite, on prend l'autoroute direction Durban, avec là encore quelques hallucinations: une femme qui pousse un caddie, des chèvres qui broutent sur la bande d'arrêt d'urgence et ces taxi-brousses partout: comme beaucoup ne possèdent pas de voitures, il y a des milliers de vans à une dizaine de places qui circulent partout. Ce sont des lignes (ir)régulières mais seuls les locaux savent où quelles sont les destinations. Certains ont à l'arrière le nom des deux villes de début et de fin de ligne, en tout petits caractères, près des phares de recul.
Et les gens les attendent partout. Faut s'attendre à tout moment à voir un de ces vans vous doubler et dans le même mouvement freiner, passer de la voie de droite au bas-côté (deux voies et demi, donc), rétrograder de 100 à 0 en 2 secondes devant son capot. On finit par être méfiant.
Ceux qui ne prennent pas ces vans se retrouvent parfois à 20 à l'arrière d'un pick up, nez  au vent. Il paraît que l'Afrique du Sud bat régulièrement les records du monde du nombre de personnes embarquées dans des véhicules, au vu de ceux qu'on a pu croiser, on les croit sans souci.
Les auto-stoppeurs eux-mêmes font des signes déroutants: index pointé vers le bas, vers le ciel. Quelques uns ce jour là portent des écriteaux avec 3 lettres dessus. On a eu beau chercher sur la carte, impossible de savoir ce qu'elles voulaient dire, ça ne correspondait à aucune ville.
A l'approche de Durban et avant d'obliquer plein nord, la circulation se fait dense, l'air plus moite et la végétation change complètement: des arbres superbes et tout verts malgré l'"hiver", des palmiers, un air plus chaud, plus moite, changement de climat.
On fait une traditionnelle pause dans une station service assez conséquente, avec une insistance toute géraldinienne pour "manger chaud", dans un genre de McDo local, une chaîne qui s'appelle Wimpy.
Ouverture des boîtes, petit burger maigrichon, une bouchée et poubelle. Pas terrible. Même les frites sont dégueu. Et pour couronner le tout, le Coca a un goût inédit et peu crédible (pourtant authentique), qui nous a conduit à le rebaptiser Afri-Cola, certains qu'ils ont modifié la recette pour le continent (en l'allongeant à la flotte, probablement). Avantage: on est guéri pour la suite du séjour de la tentation fastfoodienne.

Au nord de Durban, on découvre des champs immenses de canne à sucre, je crois que c'est la première fois de ma vie que j'en vois, j'aime bien, c'est tout vert sur les collines, c'est beau.
Plus on s'approche de St Lucia, où l'on dormira 3 nuits, plus il fait humide. L'autoroute a laissé place à un genre de nationale, et je me fais klaxonner sans trop comprendre pourquoi.
On réalise assez rapidement que l'usage dans cette région veut que l'on roule sur la bande d'arrêt d'urgence pour laisser doubler les plus rapides (même si des véhicules arrivent en face, hein), pour nous remercier, ils mettent les warning une fois leur dépassement effectué et pour répondre "de rien, gros", on leur fait un petit appel de phares. On trouve ça tellement génial qu'on a hâte de doubler ou être doublé.

Une de nos grandes découvertes du jour est aussi l'abondance de vendeurs de fruits de bord de route. Dans les montagnes, où ne poussent que chèvres et nids de poule, on n'en avait pas encore vu.
On ne s'arrête pas encore, trop hâte d'arriver, mais on en prend bonne note mentale pour plus tard.
Sortie de nationale dans un bled sinistre, Mtubatuba, qui nous a paru assez craignos, et 20 km de route direction la mer pour arriver au village de St Lucia.
En chemin, bonne rigolade au lieu dit Dukuduku ("et qu'est-ce qu'on veut?"). Premiers signes "ralentissez, traversée d'hippos".
Le village de St Lucia n'a rien de très typique mais il est loin d'être désagréable. Plein de petites maisons, de lodges, des restaurants, des agences qui proposent tours en bateau pour aller voir les baleines, les hippos, excursions dans les réserves avoisinantes. C'est touristique mais joli et à taille très humaine. Pas un immeuble, pas de riviera en carton, ça reste un lieu de tourisme tourné vers la nature.
On est accueilli à l'entrée du village par un singe vervet sur le bord de la route, qui attend notre passage et bing! il nous jette la coque de noix de coco sur la bagnole. Connard.

On loge chez une dame qui nous accueille un verre de pinard à la main (il est 16h), c'est jamais mauvais signe.
La chambre est belle, plus grande que notre appart, on a même un jacuzzi, qu'on utilisera pas.
Elle nous propose une bière et nous explique un peu ce qu'il y a à faire. On est encore une fois assez claqués par la route, donc pour ce soir, ce sera petit tour dans le village, point barre.
Elle nous indique deux restos où l'on deviendra des habitués, un poissons-fruits de mer, un autre plus grill.
Ca nous plaît déjà, même si au bout d'un quart d'heure, je suis luisant comme un petit tas de saindoux, l'humidité est assez affolante et je me réjouis qu'on soit là au plus frais de l'année. J'ose pas imaginer l'horreur en été, ce qui m'est confirmé par le gros copain rougeaud et sympathique de la logeuse.
Le resto est vraiment très bon et c'est vrai qu'on perçoit notre chance au change: une dizaine d'euros pour un gros plat de poisson, c'est la fête. La fatigue aidant, la bière nous fout un sacré coup derrière la nuque. Ce qui est malheureux c'est qu'on est moitié bourré avec une bière alors qu'on pourrait s'arsouiller totalement pour 5 euros: une bière au resto, c'est genre 1,20€.
Pour le retour, on a pris notre petite lampe de poche, sur les conseils de la proprio: "you wouldn't want to bump into a hippo".
Effectivement. Il leur arrive très régulièrement la nuit tombée de sortir de la rivière et de se balader dans les rues.
L'éclairage public est encore une fois assez nul, ça fait un joli ciel pour marcher dans le village, qui nous paraît soudain très vide, mais ma lampe de poche n'est pas faite pour éclairer plus loin que mes panards, ça ne me rassure pas.

Les moustiques sont de la partie, étonnant avec ce climat, on commence donc notre opération quotidienne d'arrosage au DEET. On double avec une bonne pulvérisation de Raid dans la chambre, ça passe tout seul. On manque d'étouffer, on a pris l'habitude des couvertures, ce qui combiné avec les vapeurs d'insecticide donne une ambiance un peu bizarre.
Pas la meilleure nuit de notre vie.





Sur la route


Changement total de paysage, c'est flou mais c'est pris en roulant. Toutes ces collines sont couvertes de canne à sucre



Premier des panneaux d'avertissement assez exotiques pour nous



Cet abruti de vervet qui nous accueille à coups de noix de coco



La carte du jour



jeudi 29 août 2013

Road-trip Afrique du Sud - jour 3: Royal Natal National Park


Journée Royal Natal National Park. Temps magnifique.

Petit déjeuner dans notre nouveau resto-bar préféré (la concurrence ne l’étouffe pas, ceci dit).
Géraldine court acheter du wifi. Oui, acheter. A la demi-heure. Et cher, en plus. Petit déjeuner dehors, parmi les oiseaux, on est pas mal.
Il fait froid le matin, mais la température grimpe assez vite à 22/23°C, ce qui pour un plein hiver à près de 2000 m d’altitude me paraît tout à fait correct.
Les locaux sont en revanche frileux : même en plein milieu de la journée, il n’est pas rare d’en croiser emmitouflés dans des couvertures, certains portant la cagoule en plein midi. Ca fait drôle.

Sur la carte, de notre chalet au parc il y a une dizaine de kilomètres sans habitations. En fait, comme souvent, les villages ne sont pas notés et toute la campagne est constellée de maisons posées à peu près partout.
Des vendeurs d’objets en bois à tous les croisements encore, ainsi qu’un certain nombre de gamins qui jouent exprès au milieu de la route pour qu’on s’arrête. Première et dernière fois du voyage qu’on en croise qui dans le même mouvement nous font coucou et tendent la main. On se sent un peu cons de venir faire les touristes dans un tel environnement. Les villages du coin semblent très pauvres. Seule la route est goudronnée, les villages ne se sont pas construits à partir et le long de la route mais plus probablement avant son arrivée et donc en marge d’elle.

La renommée du parc tient au site magnifique de l’Amphithéâtre et à la présence des Tugela Falls, chutes les plus hautes d’Afrique et deuxièmes plus hautes du monde (plus de 900m de haut, quand même).
Sachant qu’on est en hiver et que seul un filet d’eau coule à cette période, sachant surtout qu’il faut prévoir 9h de marche aller-retour (on est en vacances, merde), on renonce sagement et on se rabat sur les Tiger Falls, rien à voir en majesté, mais qui nous prendront 4h, largement suffisant.
Il n’y a pas foule sur le parking. Avant le départ, il faut s’inscrire sur un registre auprès d’un ranger afin de donner ses coordonnées, dire quelle rando on fait, mettre l’heure de départ. En retour on reçoit un petit papelard avec les numéros d’urgence. C’est rassurant comme tout.

Sur les indications du ranger, on prendra la promenade à contresens, ce dont on se félicitera par la suite. On entame par une grimpette en plein cagna qui nous semble interminable, parmi des herbes de plus en plus hautes, largement plus hautes que nous à certains endroits. C'est beau.
Jusqu’aux Tiger Falls, soit plus de 2h de marche, on ne croisera…personne. On sert bien fort dans notre petite main notre papier avec les numéros d’urgence.
Petite déception, on s’attendait à voir des babouins et des antilopes. On a pu admirer en connaisseurs leurs cacas sur le chemin mais on aurait dit qu'ils faisaient exprès de caguer sur le chemin pour nous dire "youhou, on est làààà" mais sans se montrer. Ils ont dû bien se marrer, ces salauds.

On se permet un pique-nique tout seuls devant les mini-chutes, au milieu d’une végétation bien foisonnante et encore toute verte malgré la sécheresse des derniers mois. Tranquilles et seuls au monde.
La fin de la boucle est moins agréable, la toute fin du chemin étant bizarrement bétonnée. On suppose que c’est pour permettre aux fainéants de se faire une petite demi-heure de marche mais c’est très raide. 
On croise un couple de jeunes américains suant et soufflant. Le mec me demande « ça grimpe jusqu’où? », je lui montre un petit point vers le haut, j’ai cru qu’il allait se mettre à chialer de dépit dans mes bras.

On est bien vannés en arrivant à la voiture. Le ranger se fout un peu de notre gueule « You made it ! ». T’avais un doute ? T’as vu le corps d’athlète ou pas ?
On se dirige vers un site de peintures rupestres qu’on s’est gardés pour la fin, ça nous plaît bien, ça, on l’a repéré à l’arrivée, c’est un peu la spécialité de ces montagnes, les peintures du peuple San, ils ne savent pas trop les dater, probablement quelques milliers d’années, on a un peu regardé sur le net, ça a l’air très beau.
On arrive devant le site, le chemin d’accès est fermé par une grille, on cherche le ranger qui gardait la porte ce matin, ben il s’est barré ce con. C’est sensé fermer à 16h30, il est 15h30, mais le gars a dû en avoir marre de poireauter, il s’est barré et nous, on est absolument scandalisé.
De dépit, on ne jette plus qu’un œil assez distrait aux dassies déjà aperçus le matin, ces animaux qui ressemblent à un genre de castor qui aurait vécu une passion torride avec une mangouste obèse. Ils sont mignons de loin mais en fait, il ont des dents de vampire qui les font paraître bien moins rigolos de près.
Dans le parc mais aussi à sa sortie, beaucoup de femmes font de la vannerie qu’elles vendent sur place.
On rentre à la quasi-nuit, on n’a qu’une hâte, aller manger à 17h30 notre poulet peri-peri. On torche ça rapidement et on se traîne jusqu’au lit, avec même la flemme de faire un feu.
Les bouillottes nous sauvent la soirée parce que ça caille largement autant que la veille.




Souïmanga à plastron rouge (bim! comment je vous la coupe, là)




Le dassie en question et ses quenottes. En français: un daman du Cap





Les très hautes herbes





L'amphithéâtre depuis le parc et depuis notre chalet
La carte du jour
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mercredi 28 août 2013

Road-trip Afrique du Sud - jour 2: de Clarens au Royal Natal NP en passant par le Golden Gate Highlands NP

Premier rayon de soleil ce matin, et direction le Golden Gate Highlands National Park.

En route, arrêt dans une supérette assez minable mais qui nous étonne par son rayon d’épices à barbecue.
Le braai (barbecue), c'est plus important que la religion en Afrique du Sud. On pensait les Américains intégristes de la viande grillée, on a trouvé leurs talibans. Des mecs qui n'envisageraient pas de manger autre chose qu'un steack ou une boerwors même si leur vie en dépendait.
Dehors, un gamin fabrique des fouets avec de la corde et cherche à nous en vendre un. J'ai en tête un usage très précis dans les transports en commun parisiens mais ce ne serait pas raisonnable.
Le parc est tout proche, on est content, même si le soleil fait des blagues. On se choisit une courte rando, il n’y a vraiment pas grand monde, les femmes à l’accueil du parc sont exécrables, elles tirent une gueule parisienne, sans aucune considération pour les 10000 km qu'on s'est avalés pour se dépayser, les connes.
On part couverts comme pour une expédition extrême mais évidemment on crève de chaud au premier rayon de soleil.
On regrette de ne pas avoir pris le fouet quand pendant 10 minutes, on est précédé sur le chemin par une famille dont les deux enfants hurlent en continu pour faire de l’écho. Ils birfurquent et on leur pardonne. Là, on se retrouve tout seuls, et c’est bien.
Les montagnes sont belles, calcaires striées de rouge, les herbes sont hautes, on suit un ruisseau, la végétation devient dense, on est encore plus seuls, et on atterrit dans cet Echo Cave, où l’eau ruisselle, le soleil sort, magie.
Redescente, les tables de pique-nique nous paraissent vides et tristes, déjeuner dans la bagnole, un peu glauque, avec un oiseau posé sur le rétro qui nous regarde bouffer pendant tout le repas. Ambiance.
On prend la route, il bruine 5 minutes, on fait deux trois courtes pistes en voiture dans le parc, mais les animaux sont invisibles, la route grimpe ça ne nous gâche pas le paysage, vierge de tout arbre, sol couvert d'herbes orangées, on enchaîne par la route pour les environs du Royal Natal National Park, où l’on a réservé deux nuits. On passe à côté de Phuthaditjhaba, ancienne capitale du bantoustan (genre de principauté matiné de réserve du temps de l'apartheid) Qwa-Qwa. 50000 habitants, zéro immeuble et donc une surface impressionnante, certains quartiers ont des noms peu glamour: A, B, C, D...
La propriétaire du B&B de la veille nous avait bien dit d'éviter absolument de prendre une certaine route pour nous rendre à notre prochaine étape, mais on ne se souvenait plus exactement laquelle.
Une fois dessus, ça nous est revenu. 30km de route « en travaux », sans travaux mais sans bitume, avec d’énormes trous partout, de gros caillous et une moyenne de 20km/h en slalom permanent. Premières prières pour le bas de caisse de la Kia.
On se console avec le panorama sur le Sterkfonteindam, retenue d'eau de dimensions tout à fait respectable, qui attire également tout un tas d'oiseaux.
Le soleil est revenu, on passe le Olivershoek Pass, on arrive dans le Drakensberg Nord et dans le KwaZulu Natal. Le parc du Royal Natal fait partie de l'ensemble uKhahlamba-Drakensberg, au label patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco qui fait chic et qui claque. 
Avec le Lesotho, l’Afrique du Sud a même constitué la Maloti-Drakensberg Transfrontier Conservation Area. Ok, je sens que je vous ai perdu.

Bref, aux abords de "resort", on tombe à chaque intersection sur des vendeurs de petits animaux en bois, qui n’hésitent pas à courir derrière la voiture sur 100 bons mètres, des fois qu'on change d'avis. On se sent un peu con de refuser, mais 40kg de surplus bagages ne suffieraient pas à satisfaire tout le monde. Et puis faut avouer que ce qu'ils vendent est très moche.
Le site où l’on réside est superbe, surplombant la vallée de la Tugela River et donnant directement sur le fantastique et célèbre Amphithéâtre: un mur montagneux en arc de cercle de plusieurs kilomètres de long et qui fait un saut à pic de plus de 1000m.
Là encore il fait froid le soir. Et il n’y a pas de chauffage dans nos chalets. Il faut donc acheter à l’entrée du resort son petit paquet de bois et se faire son feu. Le frisson de l'aventure, c'est dingue, on est de vrais explorateurs.
Bonne nouvelle, il y a un resto-bar très sympa dans l'enceinte du complexe, on se fait un apéro bien mérité en essayant une nouvelle bière locale, la Black Label. Un peu meilleure que la Castle, sans plus. On a droit à des chips de peaux de patates en apéritif.
On continuera de préférer la patate à sa peau, c’est pas bouleversant mais c'est fait maison et ça fait local. Match de rugby en fond sonore. Pas grand monde mais la nourriture est très bonne. Dehors, des dizaines d’oiseaux différents composent une drôle de cacophonie pas très harmonieuse mais très dépaysante.
Comme ça deviendra notre habitude de petits vieux (mais bien calés sur le rythme du pays), on est rincés à 19h, repus à 20h, et la viande est dans le torchon à 21h30, dans une douce odeur de feu de bois qui finira par nous écoeurer un peu à la longue.

La carte du jour





Il est joli, non? Si vous êtes sympas, on fera l'effort de chercher son nom






En général, j'aime déjà pas trop qu'on me regarde manger, mais là c'était un peu le pompon

Road-trip Afrique du Sud - jour 1: de Johannesburg à Clarens


Ca y est, on y va. Pour nous, c'est le top de l'aventure, on va en Afrique. "Easy Africa", disent les baroudeurs du continent pour parler de l'Afrique du Sud. Ca nous suffira bien pour une première fois.

On va tenter de faire court (ça pue déjà l'échec) pour résumer ces deux semaines de voyage dans ce pays, incluant une halte de 36 heures au Swaziland (et de beaux tampons sur le passeport).


Pour être absolument honnête, j’en menais pas trop large avant le départ. Les récits affreux qu’on entend sur le pays, les avertissements bien intentionnés de l’entourage en mode « vous ferez gaffe, dites/revenez en bonne santé », la conduite à gauche, l’inconnue africaine totale pour nous, ça faisait de quoi faire quelques cacas mous pour un semi-paranoïaque comme moi.
Géraldine elle, était gaie et insouciante comme l'oiseau sur sa branche. Y a que moi qui aie le sens du danger, putain.

J’étais déjà bien content pour une différence de prix assez substantielle toutefois de nous avoir évité un voyage en forme de galère romaine modèle Ben-Hur, soit avec Egyptair, soit avec Ethiopian Airlines.
Merci Air France (photo du Général, Marseillaise en fond sonore, main sur le cœur), le trajet s’est déroulé au poil.

A l’arrivée et malgré le travail formidable de l'équipage de notre compagnie nationale (Marseillaise, etc...) il faut toutefois concéder qu’on n'était pas dans un état fantastique : deux heures de mauvais sommeil en cumulé, le cou tordu, le cul anesthésié, entre la renifleuse d'à côté et le ronfleur de derrière (ceci n'est pas une figure de style). Mais bon, on tient sur l’excitation et les nerfs.
Premier retrait à l’aéroport très précautioneux, on se couvre mutuellement comme des convoyeurs de la Brink's, petits coups d’œil partout, "All clear, baby", au milieu de pictos rassurants du genre « si vous voulez utiliser votre Uzi, n'oubliez pas que cet espace est non-tireur».

Retrait de la voiture, première petite surprise, elle est belle elle est neuve, mais les valises ne rentrent tout simplement pas. Demande de surclassement, paiement, réception d’une Kia d’une couleur gold de toute beauté et certitude rassurante par anticipation de la retrouver au premier coup d’œil sur tous les parkings de l’univers.

La route donc, stress intégral pour la sortie de l’aéroport, contrôle policier au bout de 200m. RAS. Et bouchon autour de Jo’burg, donc. Ca permet mine de rien de se mettre un peu dans l’ambiance et de prendre ses marques. Ca commence à rouler et là c’est un peu de le début de l’aventure.
Parce que la route en Afrique du Sud, c’est un spectacle, pour nous autres Européens, pour qui le summum du désordre, c'est un mec en warning sur la bande d'arrêt d'urgence.
Jo’burg déjà, tentaculaire, des dizaines de km de résidences, puis de townships, puis de résidences, puis de townships, c'est un peu glauque…
Et déjà une première indication en forme d’avertissement : en zone urbanisée et même sur l’autoroute, attention aux piétons. Car le Sud-Africain met un point d'honneur à traverser l’autoroute comme il traverserait une grosse rue sans feu, eut-elle 4 voies et fusse-t-elle empruntée par des 36 tonnes lancés à 120km/h. Et toc. Ce qui facilite leur tâche : il n’y a pas de vraie séparation physique, genre rembarde de sécurité entre les voies allant dans un sens et celles allant dans l’autre. Ca fait bizarre, mine de rien.
Doubler aussi, ça fait bizarre, surtout quand pour avertir de son dépassement, d’un geste auguste et sûr de soi, on met en route les essuies-glaces systématiquement (inversion des manettes, mon frère). « T’as bien vu que j’allais déboiter connard, j’ai mis mes essuies-glace y a une heure ».


100 km d’autoroute donc, puis la « nationale ».
Un autre monde. Pas beaucoup de véhicules, mais encore plus de piétons. Qui marchent, au milieu de nulle part. Qui attendent. Et des vaches qui broutent sur la voie. Des chèvres aussi.
Des accotements pas du tout stabilisés, et des nids de poule, non pardon, d’autruche sur la route.
La vitesse est limitée à 100 mais malheur à toi, touriste imprudent qui aurait la sale idée de t’y tenir en pensant rouler sur un billard. On se cogne une ou deux fois la tête dans le plafond, Géraldine hurle de peur une ou deux fois « à droiiiiiiite, à droiiiiiite ».


Les paysages? Monotones, un haut plateau, constamment au-dessus de 1500m, et des champs d’herbes jaunes, tirant sur l’orangé voire le rose. Voilà à quoi ressemble le nord du Free State.
La route s’élève progressivement à mesure qu’on s’approche des Maloti mountains et de notre destination, Clarens, à la frontière avec le Lesotho.

Un arrêt station service pour ne pas mourir d’ennui, la vessie éclatée: de la viande séchée en guise de snack, pas mal.
Les villes croisées en route nous surprennent, on s’habituera : pas de centre-ville visible, des Spar, pas un Blanc en vue.
Des rencontres incongrues, comme cette dame qui se trimballe une brouette de caca tout sec (de vache, on suppose).

L’arrivée à Clarens nous plaît, il fait assez couvert mais la campagne est très jolie, on nous a promis un village un peu arty, sympa. Un chemin tout défoncé pour accéder, une chouette petite maison d’hôtes.
Il est 16h30, le soleil commence à baisser, et ça caille. On rencontre un couple de Sud-Africains très sympas, Mel et Alex, qui nous sauveront un peu la vie en nous donnant une prise qui convienne à ce pays. Parce que mon adaptateur soi-disant universel ne reconnait pas ces prises très bizarres.
Surprise le soir lorsque nous voulons aller dîner : il n’y a pas un trottoir dans le village, pas une route goudronnée, mais les restos sont pleins et les gens s’habillent correctement pour aller manger. Et l’éclairage public est pour tout dire symbolique. On manque de se péter une cheville à plusieurs reprises. Merci la lampe de poche.

On trouve un resto bar assez sympa, un truc qui fait un peu repaire de bikers gentils, feu de cheminée, première bière locale, la Castle (un peu de la pisse), et premier poulet peri peri, qu’on mangera une demi-douzaine de fois. Ca pique, c’est bon.
Pas besoin de berceuse ce soir.


Ah oui, je vous ai pas dit, mais ce premier jour, on n'a pas pris de photo. Pour les suivants, on en mettra quelques unes, mais ne vous attendez pas à 50 photos par jour, 4 ou 5, pas forcément les plus belles, le reste, on prendra le temps de s'en occuper pour faire ça bien.

La carte du jour:

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Hi from South Africa


Photo à l'arrache depuis la voiture, mais le combi tartan de ces 3 femmes des montagnes du Drakensberg était difficile à ignorer.
Beaucoup de dépaysement ici. On oublie la ligne 13, ça fait du bien.

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